PALOMINO, Mercedes

Actrice

Naissance : 2 février 1913 à Barcelone, en Espagne.

Arrivée : vers 1945

Décès : 18 avril 2006 à Montréal, au Québec.


Photos


Biographie

Celle que parents et amis surnomment « Metcha », naît à Barcelone le 2 février 1913, au­ tournant de la Première Guerre Mondiale. À quatre ans, elle déménage en Argentine, où son père journaliste, devient correspondant. La famille Palomino s’enrichira là-bas de deux autres enfants.

Elle est vite attirée par le monde du théâtre. Elle commence par des cours de diction avant l’âge de raison et connaît très tôt sa première expérience de scène vers l’âge de 7 ans.

En 1925, à l’âge de 12 ans, elle entre en classe préparatoire du Conservatoire d’art dramatique de Buenos Aires. Elle sort finalement avec le premier prix de la grande école.

La famille Palomino se déplace ensuite au Pérou, puis au Chili, où le père poursuit sa carrière, en évitant du même coup le retour dans l’Espagne de la dictature franquiste.

Au Pérou, elle se met en tête de faire du journalisme. Le piston paternel lui ouvre les portes de la radio, à Lima. La reporter propose des reportages, notamment sur les sites archéologiques du pays. La fem­me de théâtre, elle, écrit, joue et réalise aussi des radio-théâtres.

Au tournant de la Seconde Guerre, un camarade mexicain lui dit que sa femme à l’obsession d’aller à Montréal. Palomino ne sait pas où se situe cette ville, mais elle et le couple d’amis partent pour cette ville du Canada.

Sitôt arrivée, elle se rend à Radio-Canada avec ses compagnons de voyage, par curiosité. On lui présente deux collègues, Judith Jasmin et René Lévesque. On lui explique que Radio-Canada est en train de mettre sur pied un service international en plusieurs langues – russe, allemand, portugais et espagnol – et on s’empresse de lui offrir un travail. Elle réalise par la suite un rêve de jeunesse en passant quelque temps à Paris.

Au retour, en 1947, à Radio-Canada (et non sur un transatlantique, comme le veut une légende), Mercedes Palomino fait la rencontre décisive de sa vie, en y croisant Yvette Brind’Amour. Le coup de foudre. Elles ont tout pour s’entendre. Éprise de théâtre, comme Mercedes, Yvette est aussi fille de journaliste.

C’est à l’automne 1948 qu’elles se lancent dans l’aventure de créer une troupe professionnelle de théâtre francophone à Montréal. Ensemble, les deux inséparables vont créer leur théâtre, le 30 novembre de la même année.

Palomino devient la directrice générale et celle que tout le monde appelle « Madame », Yvette Brind’Amour, est à la direction artistique. Le 17 février 1949, la troupe du Théâtre du Rideau Vert présente sa première pièce, Les Innocentes, au Théâtre des Compagnons.

Dans les années 50, la compagnie joue effectivement au Théâtre des Compagnons (Delorimier et Sherbrooke), puis à la Compagnie de Gesù, au Monument-National ou encore à l’Anjou, avant de s’installer définitivement en 1960 dans l’ancien Théâtre Stella, rue Saint-Denis.

Tout en multipliant les miracles au théâtre, l’administratrice poursuit son travail de réalisatrice, auteure, comédienne et traductrice à Radio-Canada, jusqu’en 1965.

C’est sous la gouverne de Palomino et de Brind’Amour que la pièce de Michel Tremblay, les Belles-soeurs, est créée et jouée pour la première fois, le 28 août 1968. En 1972, c’est au tour de la pièce culte La Saguouine d’Antonine Maillet d’être créée au Rideau Vert.

Mercedes Palomino est tour à tour présidente canadienne du Centre international du théâtre, membre du bureau des gouverneurs de l’École nationale de théâtre du Canada et en 1985, elle devient présidente des Théâtres associés, un regroupement de théâtres institutionnels francophones.

Madame Palomino reçoit plusieurs distinctions honorifiques au cours de sa carrière. Mentionnons le prix Gascon-Thomas de l’École nationale de théâtre et le prix du Gouverneur général pour les arts de la scène. En 1994, elle est faite Chevalier de l’Ordre national du Québec.

Au printemps 1997, Mercedes Palomino invite Serge Turgeon à se joindre à l’équipe de direction du Rideau Vert comme directeur général adjoint, puis en tant que directeur général.

Au tournant des années 2000, ses forces commençant à faiblir, elle se voit dans l’obligation de ralentir ses activités. Elle continue d’avoir de multiples projets, mais aucune force pour les réaliser.

Au printemps 2006, malgré la douleur et sa santé déclinante, elle refuse d’aller à l’hôpital, comme sa complice Yvette Brind’Amour l’avait refusé, quinze ans plus tôt. Confinée dans sa résidence depuis maintenant trois ans, elle sombre dans un coma à la mi-avril. Elle s’éteint chez elle, le soir du mardi 18 avril 2006, à l’âge de 93 ans.