POIRIER, Anne Claire

Réalisatrice / Scénariste

Naissance : 6 juin 1932 à Saint-Hyacinthe, au Québec.


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Biographie

Anne Claire Poirier naît à Saint-Hyacinthe le 6 juin 1932. Jeune, elle manifeste un intérêt marqué pour le théâtre et une grande passion pour le cinéma.

Elle fait une licence en droit et travaille à Radio-Canada jusqu’en 1961 en tant que comédienne, animatrice et scripteure.

Elle entre à l’ONF en 1960, où elle travaille d’abord comme assistante-monteuse puis comme assistante-réalisatrice. Elle passe rapidement à la réalisation et devient ainsi la première femme francophone cinéaste au sein de l’institution.

En 1963, elle signe un court documentaire portant sur Christopher Plummer (30 minutes Mr Plummer), tourné à Stratford alors que l’acteur y joue Cyrano de Bergerac.

Elle enchaîne avec une courte fiction co-scénarisée avec Hubert Aquin, La fin des étés, dont l’écriture proche de l’esprit du roman moderne est plus en phase avec l’univers de l’écrivain qu’avec celui de la cinéaste. Son troisième court métrage, Les Ludions, est moins personnel mais lui permet de renouer avec l’univers du théâtre.

Du 8 septembre au 10 décembre 1965, dans le cadre de l’émission télévisée Femme d’aujourd’hui, elle tient une chronique hebdomadaire sur les derniers mois de sa grossesse. Cette réflexion sur l’expérience de la maternité est à l’origine du long métrage De mère en fille, qui mêle fiction et documentaire pour aborder cette question. Terminé en 1968, son film marque le début du cinéma féministe au Québec.

Véritable pionnière du cinéma des femmes, elle est à l’origine de la création du programme En tant que femmes, une série de films faits par des femmes, sur les femmes et pour les femmes. Elle prend d’ailleurs la direction de ce programme en devenant productrice.

Elle y réalise également deux films : Les filles du Roy (1974), sur l’histoire de la servitude des femmes au Québec, et Le temps de l’avant (1975), sur l’avortement, offrant incidemment à Luce Guilbeault l’un de ses meilleurs rôles en carrière.

En 1976 et en 1977, elle continue de produire des films à l’ONF et elle prépare en parallèle ce qui deviendra son film le plus connu, Mourir à tue-tête, dans lequel elle aborde la question du viol.

Véritable réquisitoire de l’ensemble des femmes violées contre les agresseurs et le système qui les protège au mépris des victimes, le film est une fiction distanciée dans laquelle les séquences naturalistes côtoient les segments théâtralisés, les archives et la mise en scène. Ce film constitue un moment fort du cinéma québécois et est à juste titre sélectionné à Cannes en mai 1979, dans la section Un Certain Regard.

La réalisatrice enchaîne avec La quarantaine (1982), dans lequel elle délaisse les sujets spécifiquement féminins et aborde le désarroi d’une bande d’amis quadragénaires qui se retrouvent après plusieurs années de séparation.

Le film, qui bénéficie d’une distribution prestigieuse – Luce Guilbeault, Monique MercureJacques GodinMichelle Rossignol, Benoit Girard – reçoit pourtant un accueil mitigé.

Elle poursuit avec un téléfilm adapté de la nouvelle Matthew and Chauncy de l’écrivain canadien Edward O. Phillips. Intitulé Salut Victor!, ce téléfilm met en scène l’amitié entre deux homosexuels qui se rencontrent dans un centre pour personnes âgées.

En 1989, Anne Claire Poirier est désignée, avec son collègue Colin Low et le ministre des Communications du Canada, pour recevoir l’Oscar remis à l’occasion du 50e anniversaire de la création de l’ONF.

Le 18 octobre 1992, un drame fait basculer l’existence de la réalisatrice. Sa fille, Yanne, est retrouvée assassinée.

De cet événement tragique elle tire un film, Tu as crié LET ME GO (1997), à la fois hommage à cette fille disparue, enquête sur l’univers de la toxicomanie et de la prostitution, méditation sur le fugitif et l’éternel.

Deux séquences montrant la lente dérive des icebergs viennent encadrer les entrevues et témoignages, tandis qu’un commentaire écrit par Marie-Claire Blais trouve les mots justes pour exprimer les sentiments de la mère.

Le film reçoit de nombreuses récompenses dont le prix Génie du meilleur documentaire, le prix du meilleur documentaire au Festival de Vancouver et le prix du meilleur film québécois décerné par l’Association québécoise des critiques de cinéma (AQCC).

En 1997, Anne Claire Poirier prend sa retraite de l’ONF après 37 ans de service.

En 2002, elle reçoit le Prix-Hommage à la Soirée des prix Jutra. L’année suivante, elle est nommée Officière de l’Ordre du Canada. Elle est également promue au rang d’Officière de l’Ordre national du Québec en 2008, duquel elle avait reçu l’insigne de Chevalière quelques 23 années plus tôt.