BORDUAS, Paul-Émile

Peintre / Professeur

Naissance : 1er novembre 1905 à Mont-Saint-Hilaire, au Québec.

Décès : 22 février 1960 à Paris, en France.


Photos


Biographie

Paul-Émile Borduas est né le 1er novembre 1905 à Mont-Saint-Hilaire, sur la rive sud de Montréal. Il est le quatrième d’une famille de sept enfants et est le fils de Magloire Borduas, voiturier, et d’Éva Perrault.

En fréquentant l’église du village, le jeune Borduas découvre l’art par les travaux de restauration du réputé peintre décorateur Ozias Leduc, qui accepte de le prendre comme apprenti.

Ozias Leduc l’encourage à s’inscrire à l’École des beaux-arts de Montréal (1923-1927) et obtient de Mgr Olivier Maurault, les crédits nécessaires pour l’envoyer ensuite étudier en France (1928-1930), aux « Ateliers d’art sacré », dirigés par Maurice Denis et Georges Desvallières à Paris.

Ce séjour en France lui permet de découvrir les grandes œuvres des peintres européens dont Cézanne, qui aura une influence déterminante sur ses œuvres de jeunesse.

Au moment de son retour, le Canada plonge dans la crise économique des années 1930. Sans travail, Paul-Émile Borduas pense alors devoir bientôt s’exiler en Amérique du Sud quand il reçoit une offre d’emploi : professeur de dessin dans les écoles primaires de Montréal.

À Granby, en 1935, il épouse Gabrielle Goyette, fille d’un médecin. Ils s’installent rue Napoléon, à Montréal, où naissent leurs trois enfants : Janine, Renée et Paul.

De 1933 à 1939, il enseigne au Collège Grasset. En 1937, Paul-Émile Borduas accepte un poste qu’il juge plus intéressant, à l’École du Meuble de Montréal. Dès lors, il évolue vers une conception plus radicale de l’art.

Il commence à réaliser des œuvres abstraites, devenant davantage intéressé par l’acte de peindre que par le thème en lui-même. L’artiste rejette toute forme de préparation pour se concentrer uniquement sur les émotions du moment et les pulsions inconscientes. De ces gestes automatiques, surgit le concept de « l’automatisme pictural ».

Son tableau Abstraction verte (1941) est la première œuvre automatiste de Borduas.

Il fonde la Société d’art contemporain avec John Lyman et Robert Élie, afin de promouvoir l’art abstrait au Canada. Son influence va grandissant auprès de jeunes peintres étudiants qui allaient former le groupe appelé les « Automatistes » en 1947, ainsi nommé lors de la deuxième exposition du groupe.

En février 1948, se tient la première exposition de Prisme d’yeux, où le peintre Alfred Pellan lance un manifeste portant ce titre. En août de la même année, en réponse à Pellan, Borduas publie le manifeste Refus global, une critique sévère de la culture canadienne-française.

Le manifeste comprend dix textes d’auteurs et est signé par les 15 co-signataires suivants : Madeleine Arbour, Marcel Barbeau, Bruno Cormier, Claude Gauvreau, Pierre Gauvreau, Muriel Guilbault, Marcelle FerronFernand Leduc, Thérèse (Renaud) Leduc, Jean-Paul Mousseau, Maurice Perron, Louise Renaud, Françoise Riopelle, Jean-Paul Riopelle et Françoise Sullivan.

Ses attaques contre le clergé et la classe politique de droite sous l’emprise du Premier ministre Maurice Duplessis, additionnées à la publication de Refus global et à un enseignement mettant l’accent sur la libre expression, lui valent une réponse cinglante de l’École du meuble, qui se venge et le congédie.

Le peintre tente de justifier ses propos dans un autre manifeste, Projections libérantes, publié en février 1949. L’École du meuble de Montréal maintient sa décision.

Ce congédiement a des conséquences catastrophiques dans la vie de Paul-Émile Borduas. Sans gagne-pain, au ban de la société, il doit vendre sa maison. Les difficultés financières font voler son couple en éclats.

Paul-Émile Borduas décide alors de larguer les amarres. Il s’exile tout d’abord en Nouvelle-Angleterre, dans la ville de Provincetown. Il espère y trouver un environnement moins obscurantiste et étriqué qu’au Québec.

Il déménage ensuite à New York. Dans la métropole américaine, il fréquente assidûment les expositions, notamment celles des peintres du mouvement de l’Action Painting, courant de l’expressionnisme américain.

Cette rencontre, notamment avec les œuvres de Jackson Pollock et de Franz Kline, transforme sa démarche picturale. Elle s’épure et élimine les signes et les symboles. L’artiste réduit sa palette pratiquement au noir et blanc.

Malgré ses succès sur la scène new-yorkaise, Borduas décide de quitter l’Amérique pour s’installer à Paris, en septembre 1955, où il espère être mieux reconnu. Le peintre n’obtient malheureusement pas le succès qu’il avait escompté, n’obtenant sa première exposition solo qu’en 1959.

Entre temps, Borduas s’ennuie à Paris et sa santé décline. C’est pourtant à ce moment, dans un sursaut de créativité, qu’il peint L’Étoile noire (1957), probablement son chef-d’œuvre.

Pendant les années 1940, alors qu’il élaborait le concept de la peinture automatiste, il envisageait l’avenir avec un certain optimisme. Un peu plus de quinze ans plus tard, Borduas doit se rendre à l’évidence : il ne verra jamais de son vivant cette nouvelle culture qu’il espérait tant. Il devient de plus en plus désabusé ; L’Étoile noire le montre bien.

La recherche artistique de Borduas se termine prématurément avec Composition 69, tableau où la totalité de la toile est recouverte par des empâtements noirs imposants qui s’imbriquent jusqu’à constituer un quasi monochrome noir mortuaire. En haut du tableau, quelques fissures laissent filtrer un peu de blanc comme une sorte d’appel cosmique.

Le 22 février 1960, le peintre s’éteint à Paris, dans son atelier, victime d’un malaise cardiaque. à l’âge de 54 ans. À côté du lit, sur un chevalet trône Composition 69.

Il reçoit à titre posthume le prix Guggenheim pour son tableau L’Étoile noire. Une première exposition rétrospective, après sa mort, a lieu du 22 décembre au 31 janvier 1961 au Stedeljik Museum à Amsterdam.

En 1989, les cendres de Borduas sont rapatriées à Mont-Saint-Hilaire, son lieu de naissance.