MARTIN, Nicole

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Chanteuse / Animatrice / Réalisatrice

Naissance : 29 septembre 1949 à Donnacona, au Québec.

Décès : 19 février 2019 à Montréal, au Québec.


Photos


Biographie

Nicole Martin naît le 29 septembre 1949 à Donnacona, près de Québec. Ses parents, Simone Brousseau et Joseph Martin, élèvent par la suite leur famille dans la ville de Québec. Elle a un frère aîné, Michel, et deux sœurs plus jeunes, Céline et Marie.

Initiée très tôt à la musique et au chant par sa mère qui travaille déjà elle-même comme chanteuse au Château Frontenac ainsi que dans les salles paroissiales, la jeune Nicole décide elle aussi de tenter sa chance dans le métier. Après avoir étudié le piano, l’accordéon, les percussions et autres instruments de musique pendant dix ans, elle débute en 1963, à l’âge de 14 ans, comme chanteuse et comme animatrice dans les clubs de Québec, sous l’œil attentif de sa mère.

À compter de 1965, Nicole s’associe au chanteur Frédéric Boudreau et au vibraphoniste Louis McKinley et ensemble ils font le tour du Québec, se produisant dans tous les cabarets. C’est l’époque du duo Nicole et Frédéric, et ce dernier est aussi le premier grand amour de la chanteuse. Ils travaillent ensemble avec le groupe musical Les Sages pendant cinq ans, et vont enregistrer une série de 45 tours en 1967 et 1968.

Au bout de cinq années de cette vie passée dans les valises à vivre régulièrement dans des chambres d’hôtels et à se produire dans toutes les régions du Québec, Nicole décide en 1970 qu’il est temps pour elle de passer à autre chose. Le couple se sépare donc, et Nicole rencontre le chanteur et producteur Tony Roman qui la transforme en Zerra, un personnage étrange qui chante du rock « à la Janis Joplin », mais le public n’accroche pas.

En 1971, après l’épisode Zerra, Nicole Martin est plus que jamais déterminée à tout faire pour réussir à s’imposer comme chanteuse populaire. Elle fait la rencontre du producteur Yves Martin qui lui fait signer un contrat et enregistrer un premier album solo, sous son vrai nom. Le succès est enfin au rendez-vous.

C’est en 1971 que va prendre forme la carrière de Nicole Martin, celle qui fera d’elle une vedette de la chanson francophone. Ce premier album, intitulé La Première Nuit d’amour, comporte en effet les premiers succès de l’interprète. Elle s’entoure d’auteurs-compositeurs de talent dont Pierre Létourneau qui lui signe dès 1972 quelques chansons (Je n’partirai plus, Le monde est beau, Si c’est toi…).

En 1973, Nicole enregistre trois titres qui atteignent rapidement les palmarès (Tes yeux, Jimmy Jimmy et Je t’oublierai) et déjà une compilation de ses plus grands succès est lancée. Elle tombe amoureuse du chanteur et compositeur Jimmy Bond et elle s’associe avec lui le temps d’un album. Lancé en 1974, le disque Les cœurs n’ont pas de fenêtres est un autre succès.

Au Québec, Nicole Martin n’a déjà plus à faire ses preuves, mais en Europe, la partie ne fait que commencer. En juillet 1974, Nicole Martin se rend en France une première fois afin de participer au Festival de la Rose d’Or d’Antibes et elle y récolte un prix d’interprétation avec sa chanson Ce serait dommage, écrite par le parolier d’origine russe Boris Bergman.

Pour l’Année internationale des femmes, Nicole Martin publie à l’été 1975 le 45 tours Les femmes chantent et en 1976, elle s’entoure d’une toute nouvelle équipe constituée entre autres d’Angelo Finaldi, Jocelyne Berthiaume, Hovaness « Johnny » Hagopian, Germain Gauthier et de ceux qui, au fil des années sont devenus ses amis, Yves Martin et Pierre Létourneau.

En 1976, elle consolide ses contacts en France et s’entoure de grands noms, dont Francis Lai et Eddy Marnay. Avec eux, elle travaille à Paris et lance deux albums importants. Le premier, Je lui dirai, paraît en février 1977 et contient dix chansons. Le deuxième, Ne t’en va pas, lancé celui-là au printemps 1978, obtient un égal succès.

Au faîte de sa gloire, Nicole Martin s’envole pour le Japon en novembre 1977 pour participer cette fois au Yamaha World Popular Song Festival à Tokyo où elle décroche les grands honneurs avec la chanson Bonsoir tristesse. Un album éponyme est alors lancé au Japon.

Après une longue tournée au dans ce pays à chanter ses succès et ceux de Francis Lai, la chanteuse, qui est plus populaire que jamais, et qui a même vendu un million de disques en Russie, revient au Québec pour donner de nombreux récitals au Grand Théâtre de Québec et à la Place des Arts de Montréal, en 1978, 1979 et 1981.

Elle est alors sur toutes les couvertures de magazines et fait l’objet de nombreux spéciaux télévisés. Parallèlement à cela, Yves Martin, son producteur, lance en 1978 le 33 tours Dix ans de ma vie, qui se vend à plus de 200 000 exemplaires.

L’année 1979 est particulièrement chargée pour Nicole Martin. En plus de participer à la toute première soirée du Gala de l’ADISQ afin d’y interpréter le pot-pourri des chansons finalistes, elle fait paraître trois microsillons : l’album Laisse-moi partir, l’album Collection d’Or – Tout seul au monde et un disque de Noël qui va s’écouler à plus de 300 000 copies (Noël avec Nicole Martin).

Elle décide de travailler davantage avec les auteurs-compositeurs du Québec et épuisée par tout ce succès, elle abandonne définitivement sa carrière internationale pour ne se consacrer désormais qu’à son public québécois.

Yves Martin décède tragiquement en 1980 à l’âge de 32 ans. Elle poursuit sa route et se produira elle-même. Elle enregistre sous l’étiquette Les Disques Nicole Martin Inc. deux albums avec plus de 80 musiciens, et elle collabore alors avec André Gagnon, Jacques Michel, Daniel Mercure, Gilles Valiquette, le parolier Normand Morin, Mouffe et Pierre Bertrand, ainsi qu’avec Stéphane Venne qui lui signe l’une de ses plus belles chansons, Il était une fois des gens heureux (1981) qui devient la chanson thème du film et de la mini-série Les Plouffe de Gilles Carle.

La chanson remporte le Prix Génie de la meilleure chanson au cinéma de l’année 1981 et elle l’enregistre aussi pour la version anglophone du film, The Plouffe Family (Do You Remember When The World Was Round).

Toujours populaire sur scène, Nicole participe en 1981 au spectacle en hommage à son ami Jean Lapointe à la Place des Nations de Montréal.

En 1982, elle sillonne le Québec avec un seul musicien, le pianiste et claviériste François Lanctôt (frère de l’actrice Micheline Lanctôt), afin de présenter son spectacle Je veux chanter.

Entre 1983 et 1987, Nicole Martin va lancer sur le marché les albums Nostalgie de Noël (1983, avec, notamment, Angèle Coutu, Fernand Gignac et René Simard), L’Amour avec toi (1984), Il est en nous l’amour (1985), Histoires de femmes (1986) et Grands succès (1987) et va connaître du succès grâce aux chansons-titres de ces albums mais aussi avec la chanson Je l’aime (1984) de Guy Trépanier qu’elle chante en duo avec Martine St-Clair. Elle est alors plusieurs fois nominée à l’ADISQ dans de nombreuses catégories, rend hommage à Jacques Brel et participe à la Fondation Québec-Afrique en chantant dans le projet collectif Les Yeux de la faim en 1985.

De plus, elle ajoute une nouvelle corde à son arc. En plus d’être interprète, réalisatrice et productrice, elle devient auteure et compositrice et signe elle-même quelques chansons de cette période, dont Le rock du samedi soir, Pense un peu à moi, et Pars, une chanson qui traite du sujet des femmes battues.

Claude Léveillée s’intéresse à elle et lui écrit de très belles chansons avec la collaboration de Pierre Létourneau, dont Mon père et ma mère, On s’aimera et Il est en nous l’amour. Le mélodiste suisse Alain Morisod en fait de même avec Amoureusement et Souffrir et sourire, tout comme Robert Leroux avec L’Amour avec toi et Je t’aime autant qu’avant.

En 1986, le réseau TVA lui propose d’animer la variété En chansons, de janvier à mai de cette année-là, et elle accepte de relever ce nouveau défi. Elle fait un succès de cette émission et les cotes d’écoute grimpent au-delà du million de téléspectateurs à chaque semaine de présentation.

La direction de TVA lui confie alors l’animation de Showbizz de septembre 1986 à mai 1987. Elle reçoit des invités de marque dans son spectacle télévisé; de Diane Tell à Céline Dion, d’Herbert Léonard à Eartha Kitt, de Marc Lavoine à Jean Lapointe et de Marjo à Claude Dubois. Elle donne aussi un coup de pouce aux artistes de la relève, dont Roch Voisine qu’elle invite sur scène lors de ses spectacles d’été de 1986.

Nicole Martin rencontre le producteur Lee Abbott au début des années 1980, et tombe amoureuse de lui. Ils s’installent ensemble et décident aussi de travailler ensemble.

Ils fondent la maison de disques Les Disques Diva Inc. en 1988 et pendant deux ans, jusqu’en 1990, ils produisent et réalisent tous les albums de Michel Louvain, de Fernand Gignac et de Michèle Richard, en plus des disques de Nicole elle-même (elle lance son premier CD en 1989, C’est l’amour).

Mais en 1991, les choses sont sur le point de changer pour le duo. Nicole enregistre son album Le Goût d’aimer, mais surtout, le couple travaille à la réalisation de l’album Ce soir on danse ! Vol. 1. Le disque obtient un vif succès populaire et plus de 250,000 copies s’envolent en décembre 1991.

Le succès est tel que le couple récidive en 1992 avec les CD Ce soir on danse ! Vol. 2 et C’est Noël on danse !, puis en 1993 avec Ce soir on danse ! Vol. 3. Cette année-là, au mois de novembre, Nicole Martin lance son dernier album, Un Noël d’amour, et en décembre, elle participe à la radio de CFGL-FM à un spécial de Noël.

À partir de 1994, Nicole Martin décide de se consacrer presque exclusivement à son métier de réalisatrice et de productrice, auprès de son conjoint Lee Abbott. Entre 1994 et l’an 2000, les volumes 4 jusqu’à 11 de la série des Ce soir on danse ! vont paraître, ainsi qu’une autre collection, Pour party seulement volumes 1 à 4. Grâce aux ventes incroyables de ces CD, Warner Music Canada prend la décision de distribuer en magasins les produits de la maison de disques québécoise.

En 2001 et 2002, Nicole Martin fait paraître ses plus grands succès sur deux CD (Mes grands succès, Vol. 1 et 2) et revient régulièrement sur des plateaux de télévision, puis se retire doucement de sous les feux des projecteurs.

L’artiste est invitée à participer en août 2009 à L’événement Patrick Huard 20/40, une fête organisée afin de célébrer les vingt ans de carrière de l’humoriste Patrick Huard ainsi que ses quarante ans de vie. Elle chante pour lui son succès Il était une fois des gens heureux.

L’événement est filmé et présenté à TVA. Nicole Martin obtient un immense succès et elle se voit chaleureusement accueillie par le public et chaudement applaudie par ses pairs du milieu. Il n’en faut pas plus pour qu’elle prenne la décision de revenir à la chanson dès la fin de l’année.

Elle entre aussitôt en studio et enregistre un tout nouvel album intitulé Cocktail de douceur qui est lancé sur le marché le 16 mars 2010 et qui contient treize standards revisités du répertoire jazz des années 1920, 1930, 1940 et 1950.

Parallèlement au lancement de ce nouvel opus, Nicole Martin fait paraître en octobre 2010 une anthologie de sa carrière sous la forme d’un coffret de trois CD intitulé Il était une fois… Nicole Martin. L’imposant coffret réunit cinquante chansons qui retracent le long et grand parcours artistique de la chanteuse.

À l’automne 2010, l’artiste se retrouve en nomination au gala de l’ADISQ 2010 dans la catégorie jazz interprétation pour son album Cocktail de douceur. À l’automne 2011, elle fait paraître un coffret de deux CD intitulé Joyeux Noël sur lequel elle reprend les grands classiques du temps des fêtes. Le 2 octobre 2012, Nicole Martin publie une suite à son album Cocktail de douceur. Intitulé Cocktail Lounge, l’album contient encore une fois des standards revisités du vaste répertoire jazz et lounge ainsi que quelques classiques de la chanson française.

Après s’être activée à la promotion de son nouvel album à l’automne 2012 et pendant l’année 2013, la chanteuse se prépare pour une tournée s’échelonnant tout au long de l’hiver et du printemps 2014, intitulée Tout en douceur. Entre-temps, à l’automne 2013, elle se retrouve en nomination au gala de l’ADISQ dans la catégorie jazz interprétation pour son album Cocktail Lounge. La tournée Tout en douceur, présentée un peu partout au Québec en 2014, s’avère un franc succès et la critique à son endroit est fort élogieuse. Elle se retrouve d’ailleurs en nomination au gala de l’ADISQ dans la catégorie spectacle de l’année – interprète.

En 2016, le réalisateur québécois Robert Tremblay tourne le documentaire Nicole Martin : Rien n’est impossible, un portrait de la carrière et de la vie de la chanteuse qu’il présente en mars 2017 à la Société Radio-Canada dans le cadre de la série Les Grands Reportages / Personnalités. À l’automne 2017, Nicole Martin joint sa voix à celles des huit membres de la formation Les Prêtres en interprétant, sur leur album intitulé Noël ensemble, les chansons Trois anges sont venus ce soir et, en duo avec Mario Pelchat, Les anges dans nos campagnes.

Nicole Martin est prise d’un mystérieux mal au tournant de l’année 2019. Elle se bat de toutes ses forces contre cette terrible maladie mais doit être transférée au Centre universitaire de santé McGill, à la fin du mois de janvier. Son état de détériore et en quelques semaines à peine, elle s’éteint des suites de cette fulgurante et foudroyante maladie, à Montréal le 19 février 2019, à l’âge de 69 ans. Nicole Martin repose au Cimetière et Complexe funéraire Belvédère, à Senneville.

Son décès est annoncé presqu’un mois plus tard, le 16 mars 2019 par son conjoint des 35 dernières années. À la suite de cette nouvelle, de nombreux hommages sont rendus à l’artiste par les communautés artistique, journalistique et politique du Québec. Le 2 mai 2019, le Sénat du Canada, lui rend hommage à son tour. Puis le 30 septembre 2019, elle reçoit, à titre posthume, la Médaille de l’Assemblée nationale du Québec.

En 2021, une tournée d’envergure est créée pour rendre hommage à Nicole Martin. Sous le titre Nicole – Les chansons d’une vie, le spectacle revisite les 50 ans de carrière de l’artiste subitement disparue.