LATRAVERSE, Louise

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Actrice

Naissance : 24 juin 1940 à Arvida (Saguenay), au Québec.


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Biographie

Louise Latraverse voit le jour le 24 juin 1940 à Arvida, une ancienne ville devenue un quartier de Saguenay. Ses parents sont Roger Latraverse et Fernande Gagnon, et elle est la seconde d’une fratrie de quatre enfants comprenant Guy, l’aîné, Michèle et Marc.

Son père est l’un des patrons de l’aluminerie d’Arvida et la famille vit dans le quartier anglophone de la ville.

À un très jeune âge, vers l’âge de 12 ans, elle lit des contes pour la radio locale. En 1957, Pierre Tremblay, le propriétaire de la radio privée locale CJMT à Chicoutimi, lui accorde un emploi d’animatrice. Elle a alors 17 ans et occupe ce poste pendant quelques mois. C’est ainsi qu’elle fait ses premiers pas dans le milieu artistique.

En 1959, la famille déménage à Chomedey (Laval) après que les parents aient fait faillite.

Louise Latraverse arrive en ville et entre en contact avec M. Saulnier, le propriétaire de la radio privée CKVL. Le lendemain, elle passe une audition et obtient immédiatement l’emploi. Elle devient « morning girl » aux côtés du grand comédien Jean Coutu à l’émission du matin appelée Les Amoureux du matin. M. Coutu devient alors son mentor. Elle reste dans cet emploi pendant un peu plus d’un an.

Louise Latraverse rencontre Élizabeth Chouvalidzé, une comédienne, au Café des Artistes. Grâce à elle, elle est acceptée dans les ateliers de théâtre du comédien Georges Groulx. Bien qu’elle suive des cours de théâtre, c’est sur le terrain qu’elle apprend réellement. En 1960, Marcel Dubé, dramaturge et auteur de téléroman pour Radio-Canada, écrit la série télévisée La Côte de sable et offre à Louise Latraverse le rôle d’Édith, même si elle a peu ou pas d’expérience en tant que comédienne. Elle accepte le rôle et c’est un moment décisif dans sa vie.

Dans cette série, elle rencontre Claude Léveillée, qui devient son amoureux, Pierre Bourgault, qui deviendra un homme politique célèbre et aussi son ami pendant 20 ans, ainsi que Clémence DesRochers, qui deviendra une complice et qui écrira des textes pour elle. Ces rencontres sont déterminantes pour la suite de la vie de Louise Latraverse. En février 1961, le metteur en scène Jacques Zouvi lui offre sa première chance au théâtre, avec le rôle de la jeune veuve Eva dans Le Bal des voleurs de Jean Anouilh.

Pendant les années 60, Louise Latraverse vit une période d’effervescence politique. Elle assiste à la création du R.I.N. (Rassemblement pour l’indépendance nationale) aux côtés de Pierre Bourgault, Marie-Josée Raymond et Jean Décarie. Elle y rencontre René Lévesque, qui deviendra plus tard Premier ministre du Québec en 1976. Le R.I.N. devient un parti politique en 1963 et elle est impliquée dans ce mouvement d’indépendance.

Louise Latraverse voit son parcours prendre un tournant important en 1964. En mars, elle joue dans La Passion ou le manteau de Galilée, une pièce écrite et mise en scène par Paul Buissonneau, dans la Grande Salle de la Place des Arts de Montréal (qui sera renommée salle Wilfrid-Pelletier). Elle partage la scène avec des acteurs renommés tels que Janine Sutto, Huguette Oligny et Robert Rivard. En mai, elle anime un grand spectacle organisé par le R.I.N. au Forum de Montréal. Elle est également en pourparlers pour racheter les parts de Jean-Louis Millette dans le Théâtre de Quat’Sous, ce qui sera réalisé en 1965.

Toujours en 1965, elle fait ses débuts au grand écran en jouant dans le film Entre la mer et l’eau douce de Michel Brault, et elle joue au Théâtre de Quat’Sous. En 1967, elle anime l’émission de télévision Jeunesse oblige à Radio-Canada et, à l’occasion de l’Exposition universelle de 1967 à Montréal, elle emmène l’équipe de l’émission de pavillon en pavillon pour présenter les différents pays aux téléspectateurs. Au cours de cette émission, elle chante en duo avec Félix Leclerc la chanson La fille de l’île.

En décembre 1968, Louise Latraverse tente sa chance dans la chanson en enregistrant un 45 tours chez Barclay, avec la chanson Je rêve de toi en face A, une adaptation de Dream a Little Dream of Me récemment enregistrée par le groupe The Mamas and The Papas. Toujours en 1968, elle tourne dans un film en coproduction (États-Unis/Canada), A Great Big Thing, réalisé par Eric Till. Elle joue dans la revue musicale féministe, Les Girls, en 1969, grâce à son amitié avec Clémence DesRochers. La revue présente des textes de cette dernière et la musique de François Cousineau, avec la participation de Chantal Renaud, Diane Dufresne et Paule Bayard. La revue aborde des sujets osés pour l’époque et est présentée plusieurs mois à travers le Québec et trois soirs à la Place des Arts.

En 1969, Louise Latraverse rencontre le groupe The Band pendant le tournage d’Eliza’s Horoscope. Cette rencontre l’amène à assister au Festival de Woodstock dans l’État de New York, où elle rencontre Albert Grossman, le manager de Bob Dylan et Janis Joplin. Elle est ensuite présentée à Emmett Grogan, une figure importante dans le mouvement hippie aux États-Unis, avec qui elle tombe amoureuse. Grâce à cette relation, elle est plongée dans l’effervescence du début des années 70 et côtoie de nombreux artistes influents de l’époque, notamment The Beatles, les Rolling Stones, Andy Warhol et Allen Ginsberg.

En 1972, Louise Latraverse se marie avec Emmett Grogan à l’église Saint-Jacques de Montréal et s’installe avec lui à Brooklyn, New York, où ils voyagent beaucoup. Lorsqu’elle tombe enceinte, elle décide de retourner à Montréal pour accoucher afin que son fils puisse être citoyen canadien et éviter le service militaire américain. Elle donne naissance à Max, qui deviendra plus tard un musicien d’électro. Après un séjour de deux ans et demi à New York, elle revient seule à Montréal en 1976, où elle élève son enfant au Square Saint-Louis. Gilles Richer lui offre le rôle de Virginie dans Chère Isabelle à son retour, ce qui lui ouvre de nouveaux emplois au théâtre et à la télévision.

Le 6 avril 1978, son mari Emmett Grogan meurt tragiquement à Coney Island, New York, à l’âge de 35 ans. Il est retrouvé sans vie dans une des rames du métro de New York, apparemment décédé des suites d’une overdose.

Malgré cette tragédie et encouragée par Pierre Labelle, elle décide de se produire seule sur scène en 1979 et crée son spectacle avec l’aide de Clémence DesRochers et de ses musiciens.

Louise Latraverse prend la direction du Théâtre de Quat’Sous en 1984 lorsque Paul Buissonneau lui en remet les rênes, et elle occupe ce poste jusqu’en 1986. Pendant son mandat, le théâtre connaît un renouveau et deux pièces majeures de la dramaturgie québécoise sont créées : Being at Home with Claude de René-Daniel Dubois (1985) et Vinci de Robert Lepage (1986). Après cela, elle poursuit sa carrière principalement au cinéma et au théâtre.

Cependant, à l’âge de 51 ans, elle se retrouve sans emploi, épuisée et sombre dans la dépression nerveuse. Elle commence à dessiner et part en Inde pendant trois mois en 1995 pour apprendre l’art de l’aquarelle et de la miniature. Pendant son voyage, elle entame également une démarche personnelle. De retour à Montréal, elle publie India, mon amour, un livre illustré de ses dessins réalisés en Inde.

De 1996 à 2001, elle incarne sur les ondes de TVA, le rôle de Maggie Caporucci dans le populaire téléroman Le Retour mettant en vedette Rita Lafontaine et Angèle Coutu.

En 2001, elle accepte de diriger la mise en scène de jeunes humoristes et rencontre Anne Roumanoff avec qui elle part à Paris pour préparer le spectacle À la Roumanoff, dont elle s’occupe de la mise en scène.

Louise Latraverse joue dans différents téléromans, principalement diffusés sur Radio-Canada, poursuit sa carrière au théâtre, fait des apparitions à la télévision comme collaboratrice, signe des chroniques hebdomadaires dans La Presse, joue dans quelques films, et devient l’égérie du designer Denis Gagnon en 2015.

En 2020, elle célèbre son 80e anniversaire et signe le deuxième spectacle d’Anne Roumanoff, Follement Roumanoff. Pendant le confinement dû à la Covid-19, elle devient active sur les réseaux sociaux tels que Twitter, Facebook et Instagram.

Le 31 décembre 2020, Louise Latraverse crée une grande agitation pendant l’émission En direct de l’univers en répondant à la question « De quoi la Covid ne viendra pas à bout ? » par : « L’amour crisse! ». Cette phrase devient virale. Des chandails sont alors imprimés avec cette phrase, et les profits sont reversés à la Maison Simonne-Monet-Chartrand, qui héberge des femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants.

À l’automne 2023, elle entame une tournée au Québec avec son spectacle intitulé… L’amour crisse!