ROBI, Alys

Chanteuse

Nom véritable : Alice Robitaille

Naissance : 3 février 1923 à Québec, au Québec.

Décès : 28 mai 2011 à Montréal, au Québec.


Photos


Biographie

Alys Robi est née Marie Albertine Alice Robitaille à Québec le 3 février 1923 dans le quartier ouvrier de Saint-Sauveur. Elle commence sa carrière de chanteuse à l’âge de quatre ans, en présentant des tours de chants lors de galas de lutte auxquels participe son père, pompier et lutteur, et dans des spectacles en plein air sur les Plaines d’Abraham.

En 1930, elle présente son premier concert officiel au Théâtre Capitole à Québec, dans la revue « Ten Nights in a Bar Room » ; elle se produit également au Théâtre Impérial. Puis, elle chante aux stations de radio CHRC et CKCV et gagne plusieurs concours d’amateurs.

Parallèlement, elle prend des leçons de chant, de danse (dont à claquettes), de diction et de comédie, auprès de Jean Riddez (chanteur d’opéra, père des actrices Mia et Sita Riddez), à Montréal.

À 12 ans, elle quitte Québec pour Montréal . En 1936 (à l’âge de 13 ans), elle est engagée au Théâtre National, dans la troupe de Rose Ouellette. Sous sa direction, elle apprend le métier d’actrice pendant les 75 semaines que dure son contrat prolongé.

En 1937, elle chante aussi à la station de radio CKAC-La Presse, à l’émission La Veillée du samedi soir aux côtés de vedettes comme Amanda Alarie et Gratien Gélinas.

Elle entre dans la troupe de Jean Grimaldi et côtoie aussi les grands artistes burlesques de l’époque tels Juliette PetrieManda Parent et Olivier Guimond (fils), avec qui elle a une longue relation.

Elle continue sa carrière dans les cabarets montréalais et elle est remarquée à l’Esquire Club en 1942, par le réalisateur Rusty Davis qui la présente aux chefs d’orchestre et arrangeurs Lucio Agostini et Allan McIver. Elle effectue régulièrement avec ces derniers, des performances radiophoniques, pendant lesquelles elle se spécialise dans la musique latino-américaine, afin de conquérir le Canada anglais.

C’est durant la Seconde Guerre Mondiale que la chanteuse Alys Robi grimpe les échelons de la notoriété.

En 1942, elle enregistre Tico-Tico (originellement popularisé par Carmen Miranda), qui, avec Bésame mucho de Consuelo Velázquez, toutes deux publiées par RCA Victor, lui apportent un succès énorme.

Toujours pendant la guerre, elle anime une émission en français à la radio, appelée Tambour battant, et effectue plusieurs tournées dans les bases militaires canadiennes. Ayant une grande facilité pour les langues, elle traduit plusieurs chansons, comme Adios muchachosBrésilJe te tiens sur mon cœur.

Vers 1944, Alys accepte plusieurs contrats qui la mèneront en Europe. De plus, à Londres, elle remporte un succès en chantant à la BBC. La popularité de ces émissions permit à Alys de se faire connaître partout en Angleterre.

Elle se rendit, par la suite, en France et chante de Paris jusque sur la Côte d’Azur. Elle revient à Toronto après des visites éclairs en Suisse et en Hollande.

En 1944, ses cachets dépassent 2 000 dollars par semaine (une fortune à l’époque, où la plupart des travailleurs gagnent à peine cette somme en deux ans).

Elle en arrive à ses premiers enregistrements officiels, de grande qualité, pour RCA Victor avec l’orchestre de Lucio Agostini, le 13 décembre 1944.

Auprès d’Agostini, second homme marié dont elle devient amoureuse, elle chante à des émissions du réseau anglais de la SRC, dont Latin American Serenade (1944 à 1948) et l’émission Sunday Night Show, à Toronto, où elle réside alors.

Ses déplacements sont tellement fréquents entre  Montréal, New York et Toronto, qu’elle nolise un avion de la BOAC  pour son usage personnel.

La carrière d’Alys Robi s’oriente de plus en plus vers les États-Unis en 1946, lorsqu’elle s’installe à New-York. Lors de ses visites au Québec, elle est reconnue comme une vedette internationale.

En 1947, elle va en Angleterre pour chanter sur le premier programme régulier au monde qui soit télévisé, à la BBC. Après son séjour à Londres, elle retourne à Hollywood. Les studios de la MGM veulent Alys Robi comme nouvelle icône. Une brillante carrière cinématographique s’annonce pour elle.

Malgré ce succès, Alys porte un énorme vide dans sa vie. Alors qu’elle est à l’étranger, elle s’ennuie de sa famille. Elle lui téléphone régulièrement et n’hésite pas à revenir à Québec entre deux contrats.

À Hollywood, Alys se sent faible. Elle souffre d’un trouble de l’humeur connu à l’époque sous le nom de maniaco-dépression. La MGM retire alors son contrat car ils jugent inutile de poursuivre son travail.

En 1948, s’éloignant temporairement de Hollywood pour remplir un engagement à l’Hôtel Flamingo de Las Vegas, elle est victime d’un grave accident de la route.

Hospitalisée durant deux longs mois à l’hôpital de Los Angeles, on diagnostique chez-elle, un caillot de sang au cerveau. S’ajoutent à cela, une grave dépression nerveuse ainsi qu’une douloureuse rupture amoureuse.

Suivant les conseils de ses médecins américains, elle met le cap sur Montréal afin d’y rencontrer le Dr Wilder Penfield, une sommité à l’époque. C’est lors d’un séjour au Sanatorium Prévost, qui devait en théorie ne durer que quelques semaines, qu’on organise à son insu, son transfert dans un hôpital psychiatrique de Québec.

L’hôpital St-Michel-Archange (aujourd’hui, le Centre hospitalier Robert-Giffard), n’est ni plus ni moins qu’un asile d’aliénés, où on ne fera pas de traitements de faveurs à la chanteuse la plus populaire au pays.

Elle passe les cinq années suivantes dans cette institution. Elle y reçoit des médicaments, des traitements à l’insuline et des électrochocs. Après quelques années d’internement, les médecins décident de pratiquer sur Alys Robi une lobotomie, intervention réservée aux maniaco-dépressifs, à l’époque.

En 1953, après avoir survécu à ces traitements radicaux, Alys Robi est libérée. Elle tente de reprendre sa carrière, mais elle reçoit un accueil mitigé du public, qui la croit à jamais affectée par la maladie mentale.

Plutôt que de devoir vivre indigente et de n’être surtout dorénavant qu’un objet de curiosité, elle s’éloigne quelque peu des projecteurs et décide de se consacrer à la défense des droits des malades mentaux.

Depuis un passage à La Rose Rouge, un club gay de Montréal, à la fin des années 1960, elle est relancée, récupérée dans les années soixante-dix par le milieu gay qui la porte aux nues. 

Ce n’est qu’à la fin des années 1970 que la chanteuse regagne sa célébrité par la chanson hommage Alys en cinémascope de Luc Plamondon, interprétée par Diane Dufresne.

En 1985, trente-trois ans après sa rémission, Alys Robi reçoit des mains du Prince Roy de Sealand, le Très vénérable Ordre de Saint-Jean, ce qui l’élève au rang de Lady pour avoir dignement soutenu la cause de la maladie mentale.

Le film Ma vie en cinémascope (2004), réalisé par Denise Filiatrault, raconte la vie exceptionnelle (avec la comédienne Pascale Bussières) de celle qui fut la première star internationale québécoise.

Elle meurt à l’âge de 88 ans, le 28 mai 2011, à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal de probables conséquences d’une infection à la bactérie C. difficile.

Le public est invité à défiler devant son cercueil à Montréal, puis à Québec, sa ville natale. Elle est inhumée au cimetière Notre-Dame-de-Belmont auprès des siens, dont sa mère, Albertine Dussault, et son père, Napoléon Robitaille.